Sigismund D. Krzyzanowski


« Aujourd’hui, le 28 décembre 1950 est mort Sigismund Dominikovitch Krzyzanowski, auteur de littérature fantastique et génie négligé. Pas une ligne de lui ne fut publiée de son vivant. »…

C’est grâce à ces mots retrouvés dans un carnet de l’écrivain Chengueli, que K. n’a pas été totalement oublié.

Sigismund Dominikovich Krzyzanowski naquit le 11 février 1887 à Kiev.

Inassimilable par son temps, Krzyzanowski le fut jusqu’à sa mort.

En 1922, il part pour Moscou, qu’il ne quittera pratiquement plus. Habitant une chambre d’une superficie de huit mètres carrés, il arpente cette ville avec l’obstination d’une plume noircissant la page, le plus souvent sans ressources ou presque, malgré les efforts de quelques proches que la rigueur de sa prose et la richesse métaphorique de sa pensée fascinaient. il fit quelques conférences et enseigna au Studio Dramatique du metteur en scène Taïrov.

Comme la plupart des écrivains des années 1925-1935, il connut le crayon rouge des décideurs, qui transformaient les écrits en étranges mutants : des « impubs » des impubliables et impubliés. Être auteur d’impubs n’est en soi pas une aventure à ce point exceptionnelle. Ce qui rend le destin littéraire de Krzyzanowski à ce point bouleversant, c’est peut-être précisément son invisibilité absolue, son inassimilation organique par son époque.

Dans un autre siècle, Krzyzanowski appartiendrait sans doute à la lignée des «écrivains fantastiques», des Swift, des Poe.

«En mai 1950, écrit Vadim Perelmouter, à la suite d’une attaque de tétanie, la partie du cerveau qui régit le système des signes fut atteinte». Krzyzanowski perdit l’usage non de la parole mais de l’alphabet. Ainsi, lui qui toute sa vie avait pris les lettres comme personnages de sa biographie, par un étrange détour, devenait de ces mêmes lettres – perdues – le personnage.

«En octobre, il eut un infarctus. On l’enterra au Nouvel An. Ce jour-là, il faisait un froid d’enfer. Peut-être est-ce pour cela que les rares survivants de ce cortège ne se souviennent plus de la route menant au cimetière. La tombe de l’écrivain jusqu’à ce jour est restée introuvable».

La toute première publication d’un ensemble conséquent de nouvelles date de 1989 : plus d’un siècle après sa naissance, presque un demi siècle après sa mort.

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